LE PARDON
Elle est cloitrée dans son joli cerceuil en bois clair, des gerbes vilolettes rappelant sa folie du parme et son jeune age, 23 ans.
Du monde, beaucoup. Sa famille, ses amis, quelques soignants dont je fais partie, des inconnus et des curieux anonymes se pressent dans la salle trop étroite pour l'occasion. Des chansons choisies par elle, un texte dit dans l'emotion par une proche. Tout est parfait.
Presque parfait.
Parce que dans un coin de la salle, il y a son père qui pleure doucement.
Un père meurtri et mis à l'ecart. Juste parce qu'il y a 20 ans, cet homme qui aime les hommes est devenu un paria. Etre père de famille et homosexuel, je suppose que c'est compliqué. Perdre sa fille à jamais et se sentir encore rejeté, je suppose que c'est insurmontable.
Alors au delà de la perte de ce bijou de jeune fille, de ce monstre de courage, c'est à toi que je voudrais rendre hommage.
Je te l'ai dejà dit, le pardon existe. Il est meme la clé de beaucoup de souffrance, il est la solution.
J'ai assez caliné ta fille pour savoir qu'elle t'aimait, toi et ta difference.
Le regard des autres est il finalement si important? Et si eux ne pardonnent pas, toi tu peux le faire. Je crois qu'elle aurait aimé ça ta fille, que tu fasses un pied de nez aux regard inquisiteurs avec beaucoup d'amour. Tu restes son père, un père pédé et alors?
Tu es venu chaque jour la soutenir, tu t'es battu pour qu'elle reste, tu nous a gavé de sucreries pour que l'on tienne le coup.
Et tu es meilleur père que patissier, parce que tes bananes à la crème meringuées, c'etait tres moyen....
Alors oublies les autres, pense à ton ange, à son regard de fille, à ton fils qui reste.
Tu sais que notre service est ouvert jour et nuit pour toi, tu es notre VIP. Viens boire un café lorsque la nuit tombe et que ton coeur est trop lourd, viens donc te serrer dans des bras amis.
Et pardonne, tu verras comme c'est bon.